Point sur la situation financière au 1er avril 2023

Les banques ont largement contribué à l’actualité de cette fin de trimestre, nous vous expliquons ci-après les tenants et les aboutissants de ces « scandales » bancaires.

Après une mauvaise année 2022, les marchés ont fortement rebondi sur les deux premiers mois de l’année 2023. Les actions européennes qui avaient fortement souffert l’an dernier, se sont ainsi refait une santé. A titre d’exemple, en cette fin mars, le CAC 40 affiche une progression de plus de 12% depuis le début d’année.

Mais les valeurs bancaires, largement plébiscitées ces derniers mois car considérées comme les principales bénéficiaires de la remontée des taux d’intérêt, sont venues perturber ce  rallye haussier de début d’année et ont ravivé crainte et volatilité.

Pour combattre l’Inflation, les Banques Centrales n’ont pas d’autre choix que de monter les taux ce qui fragilise les acteurs économiques les plus faibles. Et ce retrait de la liquidité commence à faire ses premières victimes. Le vendredi 10 mars, la ruée vers les retraits a porté un coup fatal à la Silicon Valley Bank (SVB). La chute de la SVB est la plus importante faillite d’une institution financière américaine depuis la crise financière de 2008. Quinze ans plus tard, les douloureux souvenirs de la crise financière de 2008 se ravivent. Cependant, la contagion pourrait être limitée pour plusieurs  raisons :

  • SVB était une banque spécialisée, extrêmement concentrée sur l’écosystème des technologies en phase de démarrage (qui a connu un afflux massif de capitaux en 2021).
  • Incapable de faire croître le volume des prêts à un rythme similaire à celui des dépôts, SVB a investi ceux-ci dans des bons du Trésor américain sans couvrir le risque de variations des taux d’intérêt.
  • Considérées comme des banques non-systémiques, certaines banques régionales comme SVB ont échappé à une surveillance réglementaire stricte, contrairement à leurs homologues américaines plus importantes ou à l’ensemble du système bancaire européen.
  • la Réserve Fédérale et le Trésor américains sont immédiatement venus apporter leur soutien et ont annoncé des mesures d’urgence permettant aux banques d’obtenir des liquidités au cours de l’année à venir sans avoir à vendre des actifs comme la SVB a été contrainte de le faire. En outre, les autorités remboursent tous les déposants de la SVB, ce qui réduit le risque d’une ruée sur les banques.

Quelques jours plus tard, les banques du Vieux Continent faisaient également parler d’elles mais pour d’autres raisons, avec le Crédit Suisse.

Même si l’établissement disposait techniquement de suffisamment de fonds pour poursuivre ses activités, l’enchainement de mauvaises gestions et de scandales au fil des années a fini par anéantir la confiance du marché. Mais ce sont surtout les conditions du rachat de la banque helvétique Crédit Suisse par sa concurrente UBS (et surtout les termes de l’intervention de la Banque Nationale Suisse) qui ont défrayé la chronique et complètement chamboulé le schéma classique d’une faillite d’entreprise. La majorité de la perte en capital aurait dû être assumée par les détenteurs d’actions dans un premier temps, or ce sont les détenteurs d’obligations qui ont subi des pertes totales… tandis que les actionnaires se voyaient racheter leurs actions par UBS (certes avec une très forte décote) !
Pourtant, le porteur d’obligations bancaires s’expose normalement à un moindre risque que l’actionnaire. Il n’en fallait pas moins pour que les investisseurs ne redoutent un scénario identique en cas de faillite d’une banque européenne. Heureusement, la BCE a rapidement calmé les esprits en rappelant qu’un tel schéma était impossible en zone euro.

Et pour clore ce chapitre sur les banques, le mardi 28 mars, la Société Générale, BNP Paribas, Exane, Natixis et HSBC ont été perquisitionnées dans le cadre d’une enquête pour fraude fiscale dont le préjudice pour l’Etat se chiffrerait à plus d’une centaine de milliards d’euros. Ces banques sont soupçonnées d’avoir mis en place des opérations complexes dans le but de contourner l’impôt sur les dividendes dont doivent en principe s’acquitter les détenteurs étrangers d’actions d’entreprises françaises cotées.

Conclusion :

Sans aucun doute, les Banques Centrales sont sur tous les fronts en ce moment. Elles doivent à la fois lutter contre l’inflation et rassurer les épargnants. Mais retirer des liquidités du système, qui a été si longtemps biberonné à l’argent facile et quasiment gratuit, risque malheureusement de nous faire découvrir de nouvelles victimes au cours de l’année 2023. Les conséquences que nous voyons aujourd’hui sont une caractéristique des resserrements de politique monétaire et non un dysfonctionnement. Et les tensions sur les marchés financiers exacerbent souvent les faiblesses de l’économie réelle. Dans ce contexte volatil et parfois compliqué à appréhender, la diversification reste de rigueur, ainsi qu’un horizon d’investissement à long terme.

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