Point de conjoncture : deuxième trimestre 2019

Retour sur le second trimestre 2019 :

Après un premier trimestre synonyme de reprise suite à une fin d’année tumultueuse, le second trimestre 2019 a recréé les tendances globales de 2018 à plus petite échelle. En effet, après une tendance positive proche du début de 2018, il aura à nouveau suffi d’un tweet du président américain pour relancer le sujet de la guerre commerciale avec la Chine. En un mois, les bourses du monde entier ont décroché pour terminer le mois de mai avec des tendances négatives approchant les 10% de pertes. Pourtant en quelques semaines la situation semble s’être rétablie, portée par un désamorçage rapide des tensions commerciales avec la Chine et le Mexique. Restent des facteurs de risques importants soulevés par le pétrole, ainsi que les changements à la tête des institutions européennes.

Aux Etats-Unis, le retour des négociations commerciales avec la Chine a mis fin, au moins temporairement, à la confrontation du mois de mai. Une autre confrontation commerciale a également été rapidement désamorcée avec le Mexique, suite à un accord des autorités des deux pays sur le sujet migratoire. Ces discussions ont pourtant mis temporairement à mal les marchés financiers(le NASDAQ perdant près de 9% sur un mois, le Dow Jones près de 6%), ainsi que le marché des taux qui a mis la FED sous pression. Celle-ci n’a pourtant pas cédé à l’incitation d’une baisse des taux directeurs pour le moment. Le mois de juin aura permis de terminer le trimestre sur une tendance positive (Nasdaq +3,5% sur le trimestre, +2,20% pour le Dow Jones). Cependant les facteurs de risques sur l’économie américaine sont toujours bien présents, en témoignent les chiffres publiés en demi-teinte et les divergences entre le président Trump et la banque centrale américaine. La prochaine réunion monétaire de fin juillet décidera des nouveaux taux directeurs mais il est attendu une baisse pour accommoder la croissance et l’inflation. La fin de l’année 2019 annonce également le retour de la campagne présidentielle, qui devrait donner lieu à de nouvelles annonces et tensions.
En Europe, le trimestre passé aura reflété les tendances internationales précédemment évoquées. Le mois de mai aura été miné par les tensions sino-américaines (-7% sur l’Euro Stoxx 50 et le CAC 40) et le mois de juin synonyme de rattrapage. En France, le CAC 40 dépasse à nouveau ses records historiques toujours poussé par le secteur du luxe, de l’aéronautique et les hautes technologies. C’est au niveau de la BCE que les attentes sont les plus fortes. Après une élection compliquée, Christine Lagarde (directrice générale du FMI) accède à la direction de la Banque Centrale Européenne et apporte avec elle son expérience de négociatrice qui devrait s’avérer utile dans les prochains mois. En effet, les taux européens ne cessent de rester au plancher sans pour autant avoir des effets aussi concluants qu’aux Etats-Unis, il va donc être nécessaire de préparer leur remontée en 2020 avec la plus grande agilité. Le Royaume-Uni, quant à lui, continue de s’enliser dans son Brexit incertain avec à présent le départ de Theresa May et sa difficile succession qui devrait être connue en fin du mois de juillet. Enfin, l’Italie reste le facteur de risque principal de la zone, en opposition directe avec le reste de l’Union, tant sur l’aspect budgétaire que sur son traitement des flux migratoires.

Du coté des pays émergents, la tendance a également été dominée par les négociations entre la Chine et les Etats-Unis. Mais à plus long terme, c’est le sujet de l’endettement qui domine les marchés. Brésil, Afrique du Sud, Inde et Chine voient leur croissance globale faiblir face au poids de la dette (4% de croissance attendue en moyenne en 2019 contre 4,3% en 2018). Cependant, plusieurs réformes ayant pour objectif de réduire et de maîtriser la dette sont en cours en Chine, en Inde et au Brésil.

A nouveau chahuté par les tensions commerciales, le baril de pétrole a fortement chuté au mois de mai (le Brent retombant à 50$). Mais la reprise de juin a rapidement été stoppée par de nouveaux accrochages, cette fois ci armés, entre l’Iran et les Etats-Unis. Les attaques de cargos en mer d’Oman ont démontré le franchissement d’un nouveau cap dans les tensions. L’OPEP reste interventionniste et contrôle la production, mais son pouvoir reste limité et dépendant du bon vouloir de la Russie (qui devient le 2e producteur mondial) et des Etats Unis (1er producteur). La volatilité devrait donc rester forte dans les prochains mois.

Le second semestre de l’année 2019 ne devrait pas être moins agité que le premier, tant les enjeux sont nombreux. En Europe, les changements de gouvernances de l’union et de la BCE vont demander des ajustements. Aux Etats-Unis l’agenda sera très chargé : tensions pétrolières, baisse des taux et élections de 2020 devraient toutes avoir des incidences conséquentes sur la volatilité des prochains mois. Il conviendra alors de rester vigilant pendant l’été, car la tendance des marchés ne tient parfois qu’à un tweet !
 

Rédigé par Léon de Montauzan,
Conseiller patrimonial chez Baussant Conseil
Le 30/06/2019