Interview de Nadine Lahoud, fondatrice de l’association Veni Verdi

Nadine est une grande optimiste qui met tout en œuvre pour construire un monde nouveau, plus sympathique et plus humain. Une de ses devises préférées est d’ailleurs : « Il parait qu’il faut prendre son mal en patience et si on prenait notre bien en urgence ? ».

En 2009, Nadine, quitte le poste qu’elle occupait dans une grande enseigne de bricolage, et crée l’association Veni Verdi. Son but : faire découvrir la nature aux enfants dans les établissements scolaires parisiens, créer du lien social, implanter des jardins en milieu urbain pour agir sur notre environnement, notre société et notre économie. 10 ans après, malgré un parcours semé d’embuches, le bilan est très positif. L’association Veni Verdi vient d’être reconnue d’utilité publique. La Fondation de France s’engage avec eux sur plusieurs sites pour la mise en place d’activités scolaires avec les enfants. L’équipe de Veni Verdi vient également de recevoir la médaille des associations de la ville de Paris.

Pouvez-vous nous présenter votre parcours ?



J’ai grandi au Liban, à la campagne et j’aimais déjà m’occuper des vergers et du potager familial. Nous avons dû quitter le pays à cause de la guerre. En France, j’ai entrepris des études de commerce, et puis j’ai travaillé dans la distribution chez Leroy-Merlin. Je gagnais bien ma vie, mais je m’ennuyais. En parallèle de mon activité, j’ai toujours participé à des missions bénévoles.

 

Qu’est-ce qui vous a poussé à créer l’association Veni Verdi ?



Un jour, je ramassais des haricots verts dans un jardin partagé, un enfant me regardait puis il s’est approché de moi et m’a dit « je ne savais pas que ça poussait comme ça les frites ! ». J’ai pris conscience que l’école n’enseignait pas la nature aux enfants, qu’il fallait leur apprendre à connaitre les plantes, les légumes et les fruits, leur donner le goût de la nature, et l’envie de la préserver. Après des années en poste chez Leroy-Merlin, j’ai décidé de démissionner afin de mettre en œuvre mon projet : installer des jardins dans les écoles. J’ai rencontré de nombreuses difficultés administratives, il y a une réglementation très stricte (il est impossible par exemple de fournir la cantine de l’école avec les légumes du potager de l’établissement scolaire), et puis j’ai fait face à des critiques exacerbées. Au départ, j’ai dû investir mon épargne personnelle car personne ne croyait à mon projet. Avec l’aide de la directrice du collège Henri Matisse (Paris 20ème), j’ai installé un jardin sur le toit de l’établissement sans autorisation administrative. Heureusement la mairesse du XXème arrondissement de Paris nous a soutenus et les choses ont pu se débloquer.

Aujourd’hui, les jeunes ont peur de la fin du monde. Il ne faut pas leur faire peur, il faut se réinventer ; nous avons besoin d’eux pour créer un nouveau monde, où chacun à son niveau pourra participer. Je les pousse à faire des études.
J’ai envie d’inciter les gens à être dehors et non plus chez eux devant la télé, à faire des choses ensemble. Il faut que nous nous réconcilions avec le vivant, avec nous-même, avec les autres.

 

Quelle est l’importance de l’agriculture urbaine dans nos villes d’aujourd’hui ?



A cette question, Nadine nous donne un exemple simple, celui d’une ferme, installée à côté du château de Saint-Germain-en-Laye par exemple. Il serait possible de venir à tout moment aider les personnes à entretenir la ferme, de manger les légumes et les fruits cultivés avec les personnes rencontrées sur place. Pour elle, l’agriculture urbaine est importante pour la socialisation des personnes, pour instruire la jeunesse citadine, mais aussi pour aider les personnes les plus démunies à pouvoir manger. Parce que, selon elle, la matière première ne devrait pas être payante, tout comme l’air que nous respirons. Chaque personne devrait pouvoir manger à sa faim, et pourtant aujourd’hui, la famine existe toujours.

 

Comment arrivez-vous à financer vos différents projets ?


Veni Verdi compte à présent 14 salariés. Les financements obtenus par l’association sont divers. Dans un premier temps, elle bénéficie de ressources directes, grâce aux collaborations mises en place avec des bailleurs sociaux. Il y a également des partenariats avec les établissements scolaires et avec Emmaüs. D’autres projets, plus ambitieux, nécessitent l’aide financière d’entreprises mécènes ou les dons des particuliers.

 

A quelles difficultés devez-vous faire face ?


Les incrédules, les aspects administratifs, et la volonté politique sont des difficultés permanentes auxquelles Veni Verdi fait face dans son quotidien.
Pour l’avenir, il faut inventer un monde où les entreprises, les associations, les coopératives, les régies, travaillent tous ensemble.

Baussant Conseil, dans le cadre de son adhésion au 1% pour la planète, est mécène de l’entreprise Veni Verdi depuis 2016.
Interview réalisé par Béatrice Fichou et Delphine Landes pour Baussant Conseil, le 29 août 2019

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