Point de conjoncture : premier trimestre 2018

Après un début d’année en fanfare, craintes, doutes et volatilité ont fait leur retour sur les marchés pour tirer les indices internationaux vers le bas en cette fin de premier trimestre. Le MSCI World, (regroupant les indices des marchés développés) est en baisse de 3% depuis le début de l’année. Entre la crainte sur les taux longs provoquée par l’inflation salariale, les déboires des géants de la technologie et les nouvelles provocations protectionnistes du président Trump, une fois de plus c’est aux Etats-Unis que nous trouvons les principales raisons de cette tendance.

Les marchés américains terminent le trimestre faiblement (Dow Jones – 2,5%, S&P 500 – 1%) seul le NASDAQ termine en progressant de 2%. C’est au mois de février que les marchés ont fortement entamé une correction de leurs cours, suite à l’annonce de chiffres de l’inflation salariale plus forts que prévu. Face à ces statistiques, les marchés voient la fin de la complaisance de la FED se profiler et une normalisation monétaire plus rapide qu’anticipée. En conséquence, les taux longs américains et européens sont remontés à des niveaux élevés pendant plusieurs semaines. La FED et son nouveau président Jérôme Powell sont cependant venus rassurer les investisseurs et apaiser les craintes inflationnistes ramenant le taux long américain sous les 2,80%. L’OAT 10 ans français a suivi cette évolution touchant le 1,0% en février avant de retomber à 0,70% en mars.

Ce sont les déboires de Facebook qui ont ensuite nourri les craintes d’un durcissement réglementaire qui viendrait freiner le secteur le plus volatil des marchés américains, celui des hautes technologies. Le coup de frein sur ce marché dont les niveaux de valorisations étaient à des plus hauts historiques, a eu des répercussions sur l’ensemble de ses acteurs principaux (sur un mois Google et Amazon perdent plus de 3% Apple 4%, Facebook près de 10%) mais aussi sur l’ensemble des places internationales. Rappelons que le segment technologique était le responsable au cours de 2017 de la majorité de la hausse boursière du marché américain.

Enfin, c’est le président Donald Trump qui a pris de court les marchés américains et internationaux début mars annonçant la mise en place de droits de douane sur les importations américaines d’acier et d’aluminium visant très particulièrement la Chine. Les dispositions ne sont pas encore définies, mais la tension commerciale entre Pékin et Washington s’est fortement exacerbée au cours des dernières semaines, provoquant un stress supplémentaire sur les marchés.

En zone Euro, après un niveau de croissance supérieur aux attentes au dernier trimestre de 2017, les marchés ont essentiellement réagi aux annonces provenant des Etats Unis, et à la vigueur de l’euro face au dollar. L’Eurostoxx 50 perd 4% sur le premier trimestre (CAC 40 : – 2,7% ; DAX : – 6,3%). L’échéance des législatives italiennes n’a pratiquement eu aucune incidence sur les cours, les investisseurs se reportent à présent sur l’analyse des résultats des entreprises et leurs prévisions pour les mois à venir.

La Chine maintient ses attentes de croissance pour l’année 2018 à 6,5%. Cependant, le marché chinois doit faire face à deux principaux obstacles, la nécessité de contrôler sa dette publique et la nouvelle politique commerciale américaine. La constitution corrigée, le président potentiellement à vie Xi Jinping souhaite à présent accélérer la tertiarisation du pays, il a également annoncé une augmentation conséquente du budget militaire en rappelant son objectif de doter la Chine d’une armée de classe mondiale d’ici 2050.

Pour ce qui est des marchés émergents, les cours ont fait preuve d’une résistance inattendue aux annonces américaines, alors qu’une guerre commerciale avec la Chine pourrait avoir de lourdes conséquences économiques. Les marchés, stables, en toute relativité, depuis le début d’année témoigneraient d’une sensibilité diminuée aux marchés développés et d’une mutation progressive des économies. Les marchés émergents restent cependant parmi les plus risqués et volatils, et cette sensibilité risque d’être mise à l’épreuve par les négociations futures entre Washington et Pékin.

Le pétrole qui était au centre des débats jusqu’en fin d’année 2017, reste en retrait en ce début d’année. Le mois de juin 2018, date de fin des accords de restriction de la production définis en 2017, semblerait probablement s’éloigner avec des avis positifs des pays producteurs.
Sur le marché des devises, c’est encore le cours euro/dollar qui a dominé les débats, s’approchant au mois de février du cours de 1,25$, il termine le trimestre à 1,23$ pour renouer avec des niveaux de fin 2014. La politique commerciale internationale des Etats-Unis aura une forte incidence sur le change dans les mois à venir, venant s’ajouter au risque des taux.

Au second trimestre de 2018, les négociations entre les Etats Unis et la Chine auront probablement une incidence forte sur l’ensemble des marchés. Les actions européennes subissent depuis le mois de février la tendance internationale. Alors même que les indicateurs économiques restent positifs, les résultats des entreprises seront au centre des tendances en l’absence de nouvelle échéance politique majeure. La volatilité a fait son retour à des niveaux élevés et les taux directeurs ne pourront pas rester indéfiniment bas. Il conviendra donc de rester flexible en 2018 et de garder son sang-froid pour mesurer avec justesse les risques dans une période où les cartes se redistribuent fréquemment.