A l’heure ou les marchés sont à des niveaux historiques, quelle approche faut il privilégier?

Retour sur le troisième trimestre et perspectives pour fin 2021

Après deux trimestres sous le signe du retour de la croissance et de belles perspectives, force est de constater que la tendance s’est atténuée au cours de cet été, les marchés se stabilisant en Europe et aux Etats-Unis. En ce début d’automne, les regards sont tournés vers la Chine qui est confrontée à une situation rappelant la faillite de Lehman Brothers. Le géant de l’immobilier Evergrande endetté à près de 300 milliards de dollars est en défaut de paiement et le secteur des énergies dans la tourmente. Les banques sont sous pression, mais l’intervention de l’état chinois devrait limiter les dégâts.

L’économie de l’Europe des 27 a rebondi de 2,2% au second trimestre, dépassant les prévisions et entrainant les marchés toujours plus haut. Cependant, le troisième trimestre a vu se développer une tension nouvelle, le retour de l’inflation. A un rythme supérieur à 2% annualisés sur le mois de septembre, la hausse des prix a surpris les marchés. Son origine est cependant conséquente à une explosion des cours de l’énergie et des matières premières. La reprise des activités provoquant des pénuries et de la spéculation, les marchés se trouvent à présent confrontés à cette nouvelle volatilité. Parallèlement le discours rassurant de la BCE tempère les cours et les marchés terminent ce trimestre sans réelle tendance mais en préservant les acquis du début d’année (CAC -0,60% sur 3 mois, +17% depuis le 1er janvier ; Eurostoxx 50 -1,57% sur 3 mois, +13% depuis le 1er janvier). Christine Lagarde a de nouveau confirmé le souhait de la BCE d’accompagner la reprise tant que nécessaire, assurant que ce rebond d’inflation resterait temporaire.

Outre-Atlantique, le climat semble également plus tendu, principalement à cause de la FED. La banque centrale qui dicte habituellement la météo des marchés par l’évolution de sa politique monétaire fait l’objet d’incertitudes multiples. En premier lieu, Jérôme Powell avait annoncé une réduction des rachats d’obligations par la banque centrale, mais le point de départ exact de ce durcissement reste inconnu. En parallèle, la mise en cause pour des opérations de trading de deux des douze présidents régionaux de la réserve fédérale a entrainé l’institution dans une tourmente politique. La composition du comité de politique monétaire pourrait être bouleversée dans les prochaines semaines, entrainant de nouvelles incertitudes pour les investisseurs. Les marchés américains sont donc dans l’ensemble dans le rouge sur le mois de septembre (le S&P 500, Dow Jones et Nasdaq corrigeant tous d’environ 5%) et semblent impatients d’obtenir plus d’informations sur la gouvernance de la FED.

Si des incertitudes potentiellement passagères ont dominé les marchés européens et américains ce dernier trimestre, la situation en Chine semble plus préoccupante. L’économie chinoise est aujourd’hui confrontée à un double défi, d’un côté la crise Evergrande qui met sous pression les banques craignant un effet « boule de neige », de l’autre la crise énergétique (secteur fortement affecté par l’explosion des prix des matières premières). Les leçons de la crise des subprimes ont pourtant été claires et le gouvernement chinois en a pris note. Son interventionnisme lourd et autoritaire devrait pouvoir limiter les impacts en attendant une stabilisation de la situation. Mais force est de constater que la reprise brutale des activités en sortie de pandémie s’avère autant source de risques que d’opportunités.

En effet, la reprise a mis une très forte pression sur le marché des matières premières et le constat initié au dernier trimestre reste toujours d’actualité. Conséquence d’un très fort déséquilibre entre la forte demande et l’offre toujours limitée, les prix ont continué de croitre. Le brent de pétrole a dépassé les $80 fin septembre (+90% sur une année) et les métaux sont toujours plus chers, l’acier approchant des +300% depuis le début de l’année. De même, le constat est similaire sur les matières alimentaires, qui ont également été affectées par des récoltes peu fructueuses.

Par ailleurs, notons que l’once d’or n’a pas repris de valeur et continue lentement sa décroissance, affichant à présent -7% depuis le premier janvier pour $1 757 fin septembre.

Après une année d’euphorie poussée par de grandes attentes de reprise, les marchés sont confrontés à leurs excès. La reprise explosive des activités a entrainé un bouleversement des chaines de production, et, à la source, l’offre peine à couvrir la demande. En attendant que la situation se calme, les investisseurs temporisent et renouent avec leurs habitudes de la décennie précédente, le regard tourné vers les annonces régulières des banques centrales. A l’heure où les indices sont à des niveaux historiques, il convient d’être prudent. Quand bien même la bonne reprise des économies de l’ouest pourrait être rassurante, face aux nombreuses incertitudes de cette fin d’année, il faut savoir raison garder.

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