Décarboner son épargne : podcast avec Pascale Baussant

Pascale Baussant a été interviewée par Charlotte Simoni pour le podcast « Décarbonez-moi » le 26 avril dernier.

Lien pour écouter cet enregistrement : https://podcastaddict.com/decarbonez-moi/episode/156798796

Retranscription de cet enregistrement :

Pouvez-vous nous dire qui vous êtes et comment vous en êtes venue à vous intéresser à toutes les problématiques climatiques dans l’épargne, la finance et l’entreprise ?

Je suis Pascale Baussant, j’exerce le métier de conseiller en gestion de patrimoine depuis 25 ans et depuis 20 ans dans ma propre entreprise Baussant conseil, un cabinet indépendant. Depuis une dizaine d’année, j’ai pris un virage fort en faveur de l’investissement responsable. Ce qui a été important pour moi, c’est de mener une double démarche, à la fois dans l’offre que je pouvais proposer à nos clients et dans la démarche interne avec notamment notre adhésion au collectif 1% pour la planète, dont j’ai le bonheur d’être présidente bénévole aujourd’hui.

Comment l’épargne a un impact sur le climat ?

Les grandes banques françaises prêtent de l’argent. Cet argent est souvent prêté et dédié au financement de projets d’extraction fossile, malheureusement extrêmement nocifs pour le climat. Ces projets en Arctique ou de gaz et pétrole de schiste par exemple ne sont pas compatibles avec un monde vivable.

Comment expliquez-vous les différences d’émission de CO2 entre les banques ?

Plus une banque a des antennes ou des aspects internationaux, plus elle est amenée à financer des projets internationaux. A l’inverse, plus une banque est de taille modeste, plus nationale, moins on rencontre cette problématique.

C’est pour cela que des banques comme la Banque Postale ou le Crédit Mutuel se sont engagées à ne plus financer de nouveaux projets fossiles. J’insiste sur un point : mon but n’est pas de pointer du doigt les mauvais élèves, mais surtout de mettre en lumière les bons élèves ; ceux qui font des efforts. Je sais que ce n’est pas facile de changer de banque et mon propos n’est pas de dire aux épargnants de tout changer. Le but est de débuter pour un complément d’épargne, avec une deuxième banque, pour ses placements. Il faut encourager les bons élèves.

Dans votre livre, vous parlez de Lucie Pinson, directrice générale de Reclaim Finance, une ONG qui œuvre pour « verdir » la finance. Elle essaye de convaincre les établissements bancaires d’arrêter d’investir dans ces projets nocifs. Vous a-t-elle dit si c’était compliqué ou pas d’arriver à les convaincre ?

J’admire beaucoup Lucie Pinson. Elle essaye d’être dans le dialogue avec ces grands établissements et, évidemment, faire bouger les lignes n’est pas facile. Mais elle y croit, elle n’a pas peur de monter au créneau. Elle essaye de combiner deux approches : à la fois le « name and shame » c’est-à-dire en dénonçant les mauvaises pratiques, et elle essaye aussi de dialoguer et de faire bouger les lignes pour obtenir des résultats avec des arguments tel que la sensibilisation des consommateurs.

Aujourd’hui, l’épargne moyenne d’un français a une empreinte carbone de 16 tonnes (équivalent en CO2) par an. Qu’est-ce qui fait qu’elle soit aussi importante ?

Exactement. Petite précision : ces chiffres sont une moyenne et évidemment tout le monde n’a pas la même empreinte carbone. Cependant, l’épargne en France est quand même importante. Tous les placements ont un impact carbone, qu’il s’agisse de comptes sur livret, de contrats d’assurance-vie, de SCPI, etc. Commencer à avoir dans son patrimoine financier des placements avec un meilleur impact que les autres est tout-à-fait astucieux.

Quelle est la première démarche à effectuer pour commencer à un peu plus « verdir » de manière facile ?

Je pense qu’il y a deux points importants. D’abord, avoir un compte dans une deuxième banque plus engagée telles que la Banque Postale, le Crédit Mutuel ou le Crédit Coopératif est une première option. Ensuite, orienter son épargne longue vers des placements plus vertueux que d’autres peut également être une démarche intéressante.

Trouvez-vous qu’il y a assez d’offre sur le marché ou trouvez-vous qu’il en faudrait encore beaucoup plus ?

J’aurais tendance à dire les deux. Moi qui suis ces sujets là depuis une dizaine d’année, je préfère voir le verre à moitié plein : il y a beaucoup plus de solutions accessibles qu’il y a 10 ans. Ce qui est intéressant, c’est que ces solutions ne sont pas réservées qu’aux grandes fortunes. Avec quelques milliers d’euros, on peut commencer à épargner de manière responsable avec des solutions sérieuses. Après, bien sûr, cela devrait aller plus vite, plus loin, plus fort. Il n’empêche que nous avons largement de quoi faire pour démarrer une démarche d’investissements « verts ».

Peut-on allier rentabilité et impact environnemental ou social ?

Comme dans toutes catégories de placements, il faut toujours se poser la question du risque que nous sommes prêts à prendre. Comme dans l’épargne classique, il y a trois compartiments possibles. Il y a le sans-risque, où l’on retrouve les comptes sur livret et les fonds euros. Ensuite, il y a un compartiment un peu plus risqué, mais qui fait partie de la catégorie des placements prudents : les fonds immobiliers. Cette catégorie permet de prendre peu de risque tout en ayant des rendements intéressants. Enfin, la troisième catégorie concerne les placements plus risqués, dont notamment les investissements en actions, que l’on retrouve soit en direct, soit dans le cadre d’enveloppes classiques type plan d’épargne en action ou contrat d’assurance-vie. Là, il faut évidemment regarder ces placements dans la durée, sachant que l’on a un niveau de risque plus élevé. Si l’on regarde l’année 2022, cette année a été douloureuse pour les placements en actions puisque les marchés financiers ont perdu de l’argent. Idem pour la catégorie des actions non-cotées ; on a donc du risque.

Quel que soit son horizon ou son niveau de risque, on a des solutions vertes qui ne sont pas moins performantes que les autres. De plus, ces solutions peuvent être moins volatiles, et avoir un niveau de risque plus faible. En général, avec ce type de solution, on est moins sur du court terme. On investit dans des projets ou dans des entreprises qui prennent en compte des sujets extra-financiers. C’est intéressant car nous avons généralement des entreprises ou des projets qui se projettent dans le long terme plutôt que dans le très court terme.

Dans votre livre, il est dit qu’on peut opter pour des moyens de payement plus responsables. Pourquoi les cartes bancaires ont-elles une empreinte carbone assez élevée ?

Le point le plus important est de ramener sa carte bancaire plutôt que de la découper et de la mettre à la poubelle car elle contient des métaux précieux dans les puces. On estime aujourd’hui que 90% des cartes bancaires sont jetées et seulement 10% sont ramenées. A grande échelle, c’est donc un écogeste relativement utile.

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