Quelles perspectives après une année 2022 chahutée sur les marchés financiers

Les marchés actions en Europe et aux Etats-Unis

Le CAC 40 finit l’année 2022 avec une perte de -9,5%. L’année 2022 débutait pourtant sous les meilleurs hospices pour l’indice parisien qui franchissait, le 5 janvier 2022, la barre des 7 300 points, niveau le plus haut de son histoire.

Mais le 24 février, la Russie envahit l’Ukraine faisant ainsi naitre une forte aversion au risque et une augmentation de la volatilité sur les marchés actions. Cette dégradation de l’environnement géopolitique a eu des conséquences économiques très importantes provoquant une forte accélération de l’inflation. En Europe, l’inflation provient majoritairement de la flambée des coûts des matières premières (pétrole, gaz, huile, blé…). A travers le monde, l’inflation s’explique par la reprise massive de la consommation après les fermetures liées à la pandémie, consommation entretenue par des politiques de relance budgétaire massives et des programmes de soutien au pouvoir d’achat.

Face à cette forte hausse des prix à la consommation, les principales banques centrales ont répondu vigoureusement. Au cours des 12 derniers mois, la Banque Centrale Américaine (FED) a ainsi fait passer son principal taux directeur de 0% à 4,50%.

En décembre 2022, la Banque Centrale Européenne (BCE) a rappelé la nécessité de poursuivre la remontée des taux à un rythme « soutenu et significatif ». La FED a, quant à elle, salué des chiffres encourageants Outre Atlantique ce qui lui a permis de ralentir sa hausse des taux mais a prévenu que la hausse des taux n’était pas terminée car les résultats n’étaient pas encore suffisants.

Les bourses américaines ont connu une année 2022 contrastée. Si l’indice Dow Jones a reculé dans des proportions similaires aux bourses européennes (-9,16%), le Nasdaq, qui est composé de nombreuses valeurs technologiques, a quant à lui chuté de 33,57%.

L’emploi et les résultats des entreprises ont en revanche surpris par leur résistance, limitant le repli des bourses. Mais pour combien de temps encore étant donné la dégradation de la situation économique ? L’Europe est entrée en récession ou sur le point de l’être et la santé économique des Etats-Unis se détériore d’après plusieurs statistiques récentes.

Les actions des marchés émergents

Les conditions macroéconomiques en Asie devraient rester globalement stables en 2023, avec une inflation plus supportable qu’aux États-Unis et en Europe. D’autant que les hausses des prix des matières premières profitent généralement aux pays émergents. L’Inde monte en puissance. Entre 2022 et 2023, le pays devrait contribuer à hauteur de 28% à la croissance asiatique et à hauteur de 22% à la croissance mondiale.

La Chine vient de mettre fin à sa politique « zéro Covid » si controversée qui a fortement pénalisé l’économie chinoise en 2022. L’objectif est clair : il faut relancer l’économie chinoise. Les experts tablent sur une croissance du PIB qui pourrait dépasser l’objectif de 5%. Toutefois, le tsunami des contaminations Covid que connait actuellement la Chine, suite à la levée soudaine des restrictions sanitaires, pourrait pénaliser l’activité au cours du premier trimestre 2023. Ensuite, l’activité économique devrait être soutenue grâce aux importantes réserves de liquidités accumulées par les ménages chinois ces derniers mois. La hausse de la demande en matières premières qui en découlera viendra très certainement compliquer la gestion des tensions inflationnistes qui sévissent en ce moment dans les économies occidentales. Du point de vue des valorisations, les cours des actions chinoises sont actuellement historiquement bas, nettement meilleur marché que les actions des marchés développés. Ces valorisations intéressantes pourraient offrir une opportunité aux investisseurs de long terme. Il faudra cependant surveiller les tensions commerciales et géopolitiques qui restent fortes ainsi que la faiblesse de son marché immobilier.

Pour l’immobilier français, actif réel de prédilection, 2022 reste une bonne année grâce à un premier trimestre particulièrement dynamique. Mais l’obtention d’un crédit est devenu plus difficile au second semestre. Aujourd’hui, les taux nominaux des crédits immobiliers se situent autour de 2,50% et pourraient atteindre 3% au premier trimestre 2023. La hausse des taux des crédits impacte forcement le pouvoir d’achat immobilier des acheteurs. Ainsi les prix de l’immobilier d’habitation pourraient baisser ou a minima se stabiliser. D’après le courtier Meilleur Taux, « il ne faut néanmoins pas s’attendre à une baisse importante ». Les SCI et SCPI ont su tirer leur épingle du jeu en 2022, elles affichent un rendement moyen de l’ordre de 4,5% pour l’année. En 2023, il faudra surveiller de près les pays (Europe du Nord notamment) où les ménages ont un recours élevé à l’endettement (jusqu’à 194% du revenu brut disponible des ménages danois) et aux crédits à taux variable (90% de la dette des ménages finlandais).

Les marchés obligataires ont subi une correction douloureuse en 2022. Le niveau élevé de l’inflation et toute une série de hausses de taux ont fortement pénalisé cette classe d’actifs. Aujourd’hui, les rendements et les valorisations des marchés obligataires semblent plus attractifs qu’ils ne l’ont été depuis longtemps.

Compte tenu de la hausse des rendements au cours de l’année, les emprunts d’État offrent désormais des niveaux de revenus intéressants. Par exemple, le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans est maintenant légèrement supérieur à 4%, contre 1,5% en début d’année et 2,6% début août. Une récession étant le scénario le plus probable pour 2023, les emprunts d’État devraient pouvoir tirer leur épingle du jeu. Le rendement 2022 des fonds en euros devrait logiquement augmenter mais à un rythme modéré car ils en ont encore en stock d’anciennes obligations. En 2023, les deux principaux risques pesant sur cette classe d’actifs seront une inflation globale importante et une perspective de récession.

Le baril de Brent a affiché une progression proche de 8% sur l’année 2022. Il a connu une année particulièrement volatile. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait flamber le prix du baril de pétrole. De mars à juillet 2022, le prix du brut s’est maintenu au-dessus des 100 dollars le baril en raison des tensions géopolitiques et de la discipline de production de l’OPEP. Il est ensuite repassé sous les 100 dollars à la fin de l’été. Puis, le cours de l’or noir a perdu près de 20% sur les deux derniers mois de l’année en raison de l’augmentation des risques de récession au niveau mondial.

Le dollar est l’un des rares actifs à afficher une performance positive en 2022. L’euro a ainsi reculé de 6% sur l’année 2022 contre la devise américaine. Le dollar a bénéficié de son statut de valeur défensive dans un contexte géopolitique très tendu. Il a aussi été soutenu par la politique monétaire de la Fed plus agressive que celle de la BCE, ce qui a contribué à rendre la monnaie américaine plus attractive pour les investisseurs. La devise américaine a perdu une partie de ses gains en fin d’année, en raison des anticipations de ralentissement du rythme de la hausse des taux, même si ce dernier scénario a finalement été rejeté par Jerome Powell, le président de la Fed, lors de sa dernière conférence de presse puisqu’il a indiqué que « la hausse des taux n’est nullement terminée ».

Conclusion :

En ce début d’année 2023, la question n’est plus : allons-nous entrer en récession, mais plutôt assisterons-nous à un « soft landing » (atterrissage en douceur avec une croissance plus ou moins nulle en 2023) ou à une récession profonde ? L’inflation commence à montrer des signes d’inflexion dans plusieurs zones géographiques, ce qui est un premier signal positif.

En 2023, la géopolitique mondiale, les décisions des banques centrales et l’évolution du prix des matières premières resteront des éléments déterminants pour les marchés.
Dans le contexte actuel toujours très incertain, un portefeuille diversifié panachant diverses classes d’actif (actions, fonds en euros, immobilier, non coté…) nous semble être une bonne stratégie.

Avec le conflit Ukraine/Russie, l’Europe de l’Ouest a dû accélérer sa transition énergétique et son indépendance en matière de défense. Rappelons que toute crise est un terreau fertile pour opérer des transformations majeures dans nos sociétés. L’innovation technologique y occupera une place centrale, avec la problématique qui en découle : les ressources de notre planète ne sont pas infinies.

Votre conseiller Baussant Conseil se tient à votre disposition pour discuter de vos allocations d’actifs et vous renouvelle ses meilleurs vœux pour 2023.

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