Les marchés face aux bouleversements de l’équilibre mondial : retour sur le second trimestre 2022

Le 15 juin 2022, la banque centrale des Etats-Unis (FED) a décidé de doubler ses taux directeurs augmentant de 0,75 point le taux de référence à court terme. Une hausse inédite depuis 1994 qui a pour objectif de contrer l’envolée générale des prix depuis 2021, qui a atteint un niveau exceptionnel au mois de mai à un niveau de 8,6%. Cette hausse brutale est venue rappeler aux marchés la réalité économique de ces deux dernières années et a provoqué une nouvelle chute des cours dans leur ensemble.

En effet, les marchés américains sont parmi les plus touchés cette année avec une chute de près de 20% pour le S&P 500 et plus particulièrement le secteur des hautes technologies, qui corrige fortement après avoir touché à des sommets historiques. A l’image d’Apple (-23%) et d’Amazon (-35%) ou encore de Tesla (-43%). Ces entreprises ont été fortement affectées par l’augmentation de l’inflation et la hausse des taux est également venue perturber le marché obligataire.
Cela étant dit, les mesures aujourd’hui prises par la FED semblent être des mesures de nécessité et de reprise de contrôle logique face aux développements des derniers mois. La tension inflationniste étant principalement liée aux déséquilibres internationaux provoqués par la Covid en 2020 et 2021 et la guerre en Ukraine depuis le début de cette année, une forte volatilité temporaire semble compréhensible. Sa durée est aujourd’hui le point d’interrogation principal qui dominera les marchés pendant les prochains mois.

La zone Euro semble faire un constat similaire avec une inflation forte et une nécessité de remonter les taux. Ceci dit, l’approche de Christine Lagarde, présidente de la BCE, paraît moins agressive que celle de la FED puisque l’annonce de juillet devrait monter le curseur de 0,25 point de base. Les marchés européens perdent dans l’ensemble environ 19% (Euro Stoxx 50, Dax…) sauf la France et le CAC 40 qui affiche -16% depuis le premier janvier.

Une autre conséquence de la hausse des taux et de l’inflation aux Etats-Unis : l’évolution du taux de change Euro/Dollar, en chute de 8% depuis le 1er janvier.
De même, l’obligation à terme10 ans français touche à présent les 2%, reflétant la tension générale sur les marchés obligataires.

Globalement, la tendance actuelle semble se refléter sur l’ensemble des marchés, le MSCI World, reflet de la majorité de la capitalisation boursière mondiale, affiche aujourd’hui une baisse de près de -13% sur l’année 2022. Du côté des émergents, la situation reste dans la même tonalité, les marchés sont mis sous pression par les cours des matières premières et affichent des chutes importantes, même si elles restent moins élevées que la moyenne (MSCI Emerging Markets -11%).

Les matières premières sont effectivement au cœur de la problématique d’inflation de cette année, avec un pétrole Brent toujours au-dessus de $110 en cette fin juin (+43%). Le gaz affiche à présent +60%, reflétant la dépendance du marché à la Russie. Pour autant, les prix des autres matières semblent moins s’envoler après les fortes hausses de 2021, en restant à des niveaux exceptionnellement élevés.

Le premier semestre de l’année 2022 s’achève sur des tendances rares où obligations et actions font face à de fortes baisses. Cette tendance pourrait cependant être vue comme un rééquilibrage nécessaire des marchés après deux années extrêmes où les actions galopaient dans un climat artificiel dirigé par l’interventionnisme des banques centrales. De plus, la guerre en Ukraine provoque des changements majeurs dans l’équilibre mondial et les marchés en sont une victime indirecte. La question qui se pose aujourd’hui est celle de l’ampleur et de la durée de ce rééquilibrage, les marchés ne pouvant tous rester durablement dans cette tendance. Pour l’heure il semble plus pertinent de laisser passer la vague pour les détenteurs d’actions, et surtout d’éviter toute cession précipitée, les retraits doivent être envisagés avec prudence et sélectivité. Pour certains investisseurs, l’immobilier pourrait aujourd’hui avoir un attrait mais comme toute décision d’investissement, il convient de la pondérer et de faire le point sur ses risques et avantages.

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