Après une reprise forte des marchés, que privilégier face à de nouvelles incertitudes?

Au mois de janvier 2021, le FMI annonçait revoir à la hausse les perspectives de l’économie mondiale pour 2021 et 2022, annonçant 5,5% de croissance mondiale en 2021 puis 4,2% pour 2022. Au mois de mai 2021, l’OCDE, qui était moins optimiste en fin 2020 (en projetant une croissance de 4,2% pour 2021), a revu à la hausse ses prévisions, tablant sur une croissance de 5,8% en 2021 et 4,4% pour l’an prochain. Ces attentes optimistes se confrontent cependant à des divergences considérables entre les différents pays.

En effet, si l’impact économique de la pandémie semblerait déjà effacé pour certains (Chine, Etats-Unis, Corée du Sud) d’autres pays fortement touchés ne verraient un retour à une situation économique pré-Covid qu’après de longs mois voire plusieurs années (comme l’Argentine ou l’Afrique du Sud). L’OCDE annonce en moyenne une durée de rattrapage de 18 mois, moyenne divisant d’un côté les pays développés ou les pays les moins touchés, et de l’autre les économies émergentes les plus impactées.

Aux Etats-Unis, les marchés, poussés par une approche de reprise accélérée, affichent une progression forte. Le soutient de la FED additionné à un assouplissement prématuré des restrictions quotidiennes et à une distribution rapide des vaccins ont lancé une dynamique de reprise sur les marchés. Elle s’illustre dans la performance des indices de référence, comme le S&P 500 qui continue de franchir des sommets et affiche +15% de performance depuis le 1er janvier. Soulignons que les analyses relèvent cette année des multiples de valorisation dépassant en moyenne 45 fois le résultat des sociétés cotées contre une moyenne de 20 fois entre 2010 et 2019. La politique accommodante de la FED qui procède chaque mois au rachat de 120 milliards de dettes devrait se prolonger au moins jusqu’en 2023, et les taux directeurs sont maintenus à l’heure actuelle entre 0% et 0,25%.
Alors qu’ils affichent des multiples toujours plus hauts, les marchés semblent relativement sereins en cette période, anticipant de bons résultats et un retour de l’inflation.

En zone euro, la situation globale ressemble à première vue à celle des Etats-Unis. Les marchés progressent fortement en ce premier semestre (le CAC affiche +17%, l’Eurostoxx 50 +14%) en illustrant les anticipations de croissance revues à la hausse au mois de mai (la commission européenne attendant 4,3% pour 2021 et 4,4% pour 2022) et rassurés par l’interventionnisme de la BCE et ses taux au plancher( le bons du trésor français à 10 ans évoluant entre 0,10% et 0,20%). Mais cette comparaison est à relativiser, car si la reprise se fait ressentir, il faut noter que les valorisations, elles, semblent moins extravagantes qu’Outre Atlantique. En effet, au mois de mars 2021 après 14 années, le CAC 40 et la zone Euro ont franchi de nouveau leurs sommets historiques atteints au mois de mai 2007. Rappelons que ce seuil avait été franchi en 2013 aux Etats-Unis et que le S&P 500 est à un niveau près de trois fois supérieur à ce point. Les multiples de valeurs en zone euro restent nettement moins élevés. Notons par ailleurs que l’inflation semble aujourd’hui faire son retour, temporaire selon la BCE, avec des prévisions de progression de 1,9% en 2021 et de 1,5% pour 2022.

Sur les marchés émergents, l’analyse est plus complexe car les disparités sont une fois de plus très grandes entre les acteurs. La Covid-19 aura vraisemblablement des impacts économiques de très long terme pour certains pays très affectés comme l’Argentine, le Brésil, ou l’Afrique du Sud. A l’inverse, d’autres économies dépendantes de la demande et qui se sont retrouvées bloquées par les pénuries de matériaux ont bénéficié d’une reprise forte (Taiwan, Corée du Sud…). Toujours très volatils, les marchés émergents sont à apprécier avec vigilance.

Cette reprise des pays producteurs se retrouve également, parfois brutalement, sur les marchés des matières premières, conséquence d’une demande en très forte hausse pour une offre toujours limitée. En effet, c’est le cas évident du pétrole : avec le retour de la demande, le baril a renoué avec ses niveaux de 2019, et le Brent cote $76 fin juin (+50% depuis le 1er janvier). Mais ce constat se retrouve aussi et surtout sur le marché des métaux ; acier, cuivre et étain, voient leurs prix s’envoler (sur l’acier +200%). Et Il en va de même pour les matières alimentaires (Soja +55%, blé +25%) également stimulées par la reprise.

Indicateur du moral des investisseurs, l’once d’or, continue sa décroissance lente illustrant, en parallèle des fortes reprises, les incertitudes de fonds toujours présentes. L’once d’or affiche -5% depuis le premier janvier pour $1 791fin juin.

Le premier semestre de 2021 s’est inscrit dans la continuité des derniers mois de 2020. Les marchés se reprennent et semblent reporter leur attention précédemment portée sur le virus, vers les annonces des taux des banques centrales et les prévisions des institutions internationales. Si la Covid-19 semble passer au second plan pour les investisseurs, ses conséquences économiques se décantent petit à petit et mettent en évidences de fortes divergences selon les pays. Les marchés semblent donc s’avancer vers des territoires incertains, riches en opportunités comme en risques. Car, une fois les plans de reprise initiés, il faudrait en apprécier les conséquences sur le long terme. La flexibilité et la prudence restent comme souvent de mise, et nous nous tenons à votre disposition pour vous accompagner dans vos réflexions patrimoniales en ce sens.

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