Interview de Claire Grolleau, présidente de Label Vie

Label Vie : association de l’Economie Sociale et Solidaire

Fondée par Claire Grolleau en 2009, Label Vie, basée à la Paris, est une association de l’Economie Sociale et Solidaire. Elle œuvre notamment pour la petite enfance dans une orientation de transition écologique à travers une démarche innovante d’accompagnement au changement. Son but : redonner aux lieux de vie le pouvoir d’agir et devenir ainsi des exemples inspirants pour la société.

Une découverte lors des Rencontres pour la Planète

Label Vie a présenté son activité en octobre dernier dans le cadre des Rencontres pour la Planète (organisées chaque année par le collectif 1% pour la Planète). Baussant Conseil a décidé de la soutenir financièrement.

Aujourd’hui, nous sommes heureux de la mettre en lumière et de donner la parole à sa Présidente.

Claire Grolleau, en qualité de présidente de Label Vie, pouvez-vous nous donner quelques éléments illustrant votre parcours ?

A l’issue d’une formation universitaire en microbiologie, biochimie, biologie moléculaire, toxicologie de l’environnement, j’ai exercé plusieurs années dans Industrie chimique.

Au terme de cette période, tout en restant passionnée par l’impact toxicologique des substances chimiques sur environnement, j’ai constaté que la connaissance des effets ne se diffusait pas dans la vie de tous les jours. D’où une volonté de mettre cette culture au service du grand public.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur la genèse de votre association ?

En 1998, j’ai créé une association pour sensibiliser un monde largement indifférent aux enjeux du développement durable et à la problématique de la survie sur notre planète.

A l’origine, notre action était orientée vers les adultes. Mon statut de mère a infléchi mon action vers la petite enfance avec une approche naturelle en termes de développement, d’éducation, d’immunité et de socialisation en connexion avec le reste du vivant.

A partir d’une démarche personnelle auprès de la crèche qui accueillait mon fils, j’ai favorisé le développement de protocoles d’observation et de mise en relation avec la nature. A partir du concept de 2009, Ecolo crèche s’est pleinement structurée en 2012.

En m’appuyant sur les principes de démarche qualité qui m’étaient familiers, j’ai pu progressivement étoffer l’action d’Ecolo crèche auprès des professionnels de la petite enfance grâce à des formations dispensées par des animateurs que j’avais recrutés.

La démarche qui se voulait porteuse de cohérence fut d’emblée participative car elle s’appuyait sur l’expérience des acteurs de terrain. Les équipes se trouvaient donc impliquées dans des actions traitant de la pédagogie, des locaux, de l’énergie, de l’eau, des déchets, sans négliger la dimension sociale du processus.

C’est donc de là qu’est née Label Vie ?

Effectivement, lorsque nous avons élargi le public concerné par notre démarche, notamment auprès des assistantes maternelles et des centres de loisirs, nous avons décidé d’adopter le nom de Label Vie.

Pouvez-vous nous éclairer sur la mission et les objectifs de Label Vie ?

Les grands champs de mission sont au nombre de 4 :

  • Développer des méthodes pour accompagner les lieux de vie,
  • Animer les populations impliquées, en faire des vecteurs de diffusion de ces actions et donner de l’ampleur, de la résonnance à l’engagement des forces vives
  • Promouvoir la recherche et l’innovation afin de repousser les limites et démontrer le caractère bénéfique, la validité et l’efficacité de notre démarche écoresponsable.
  • Sensibiliser les institutions dans le but de porter le message au-delà des crèches et d’influer sur le système dans son entier par le biais de la loi.

Quelle est votre stratégie pour favoriser la mise en œuvre de ces grands axes ?

Nous procédons à une sensibilisation des gestionnaires au sein des organismes concernés en mettant en évidence l’amélioration potentielle de l’accueil des enfants, des conditions d’exercice des personnels et l’impact positif sur leur budget.

Une équipe de responsables développement élabore un projet spécifique adapté à la structure et validé par les intéressés. Des consultants accompagnent, conseillent et forment les gestionnaires et les acteurs de terrain à la transition écologique et sociale.

Pourriez-vous nous donner des exemples concrets sur les méthodes et outils de la mise en œuvre ?

La méthode participative transversale repose sur un éventail de 17 items : 10 items environnementaux, 7 items sociaux – qui permettent d’élaborer un autodiagnostic sur l’impact environnemental. Le directeur de l’établissement est formé par nos soins au management participatif afin de susciter l’adhésion de son équipe au projet. Il existe également des formations spécifiques sur les thèmes abordés par l’équipe (pédagogie, inclusion, alimentation, hygiène, entretien des locaux…). On peut citer par exemple la mise en place d’un jardin pédagogique, la familiarisation aux arts plastiques écologiques, l’approche de l’alimentation durable.

Concernant l’alimentation, le gestionnaire de l’établissement établit un cahier des charges destiné au prestataire qui devra répondre aux orientations souhaitées.

Votre action se diffusant au-delà d’une seule région, sur quels éléments avez-vous pu vous appuyer pour étendre votre sphère d’influence ?

Elle s’étend sur le territoire national et concerne 1 200 établissements en France répartis sur un grand nombre de départements qui sont engagés dans une démarche Label Vie. Le bouche à oreille initial porté par le monde de la petite enfance – réseaux, syndicats, fédérations – s’est mué en un soutien plus large grâce à l’interaction avec le Ministère du Développement Durable et l’ADEME. La mise en synergie de ces partenaires a permis de garantir la validité et la pertinence de notre action. Se sont adjointes diverses fondations comme la fondation Nature et Découvertes, la Fondation pour la Nature et l’Homme, la fondation La France s’engage dont nous sommes lauréats. Par ailleurs, nous recevons l’appui de l’ONG Ashoka – une entité qui, entre autres, anime et soutient l’entrepreneuriat social – et dont je suis « Fellow » depuis 2011.

Il convient de dire que nos meilleurs ambassadeurs sont bien sûr tous ceux avec qui nous œuvrons, qui nous font confiance et servent de relais pour faire connaître notre action.

Quel est votre modèle économique ?

Il s’articule autour de deux entités : Label Vie reçoit le produit des adhésions, des subventions et du mécénat en tant qu’association régie selon la loi de 1901. Son action s’oriente vers la recherche, l’innovation, le plaidoyer et l’animation. Sa filiale ECHOS met en place des formations, conseille et réalise des audits.et facture ses prestations. Notre fond de dotation est habilité à percevoir dons donations et subventions.

La structure compte 30 salariés répartis par moitié entre l’association et la filiale. Le budget de chaque entité avoisine 1,5 million d’euros.

Au fil des ans, avez-vous constaté une évolution favorable des comportements et des progrès significatifs dans les résultats ?

Les mesures d’impact qui accompagnent nos actions révèlent par exemple un abaissement de la consommation d’eau et d’énergie pouvant atteindre 25%.

On voit en outre une amélioration de la qualité des repas, une réduction significative du gaspillage alimentaire, une densification des relations entre les enfants et la nature, soit à l’extérieur soit à l’intérieur de la classe.

On note également une baisse des absences des professionnels spectaculaire de 34%. Les enfants bénéficient également largement des protocoles puisqu’on a constaté un recul des pathologies d’environ 60%. Nous allons d’ailleurs mener une étude épidémiologique visant à montrer l’impact réel de la démarche sur la santé des enfants en collaboration avec des chercheurs et des épidémiologistes.

Notre objectif reste orienté vers une large expansion de la démarche dans le monde de la petite enfance afin d’agir sur la sphère publique. Le ministère des Solidarités et la caisse nationale des allocations familiales nous accompagnent comme par exemple dans les référentiels bâtimentaires qui évoluent vers une meilleure efficacité énergétique. Nous avons pu également contribuer à l’élaboration de la Charte Nationale de l’Accueil du Jeune Enfant faisant suite au rapport Giampino.

Envisagez-vous des perspectives d’ouverture vers d’autres institutions ?

Notre champ d’action peut également valablement s’étendre aux centres de loisirs et aux relais petite enfance. Nous développons également des pilotes tournés vers des lieux d’accueil pour personnes handicapées et à partir de 2025 vers les structures accueillant des séniors.

De surcroît, nous nous tournons vers la population des aidants dont la fragilité peut s’apparenter à celle des aidés. Un impact environnemental moins défavorable se traduit par une amélioration de la condition de ces populations et suscite l’adhésion des gestionnaires des établissements avec la perspective d’une plus belle vie.

Avez-vous une devise ?

Je dis souvent « ensemble on va plus loin, plus vite ». Le début de vie collective qu’incarne la crèche qui rassemble est un moment important pour l’enfant mais aussi pour les parents, les pouvoir publics, le monde économique qui se doivent d’avancer ensemble. Il y a urgence.

La préservation du vivant, de l’intégrité et de l’épanouissement de l’humain porte une dimension universelle.

Donc Label Vie, nom que vous avez choisi, va bien au-delà du jeu de mots…

Oui, c’est une appellation qui nous ressemble, où la méthode, la formalisation, la reconnaissance rejoignent l’hymne à la vie qui nous porte

Label Vie a recueilli 37 000 € lors des Rencontres pour la Planète, en octobre dernier. Cette belle association espérait atteindre 54 000 €. Bravo pour son engagement et souhaitons-lui longue vie au service de nos enfants et plus largement d’une population fragile.

Propos recueillis par Ingrid Masson, Office Manager de Baussant Conseil

Retrouvez l’association ici :  Label Vie et d’autres interviews de portraits inspirants : Interview de Hugues Mouret, fondateur de l’association Arthropologia

Baussant Conseil, cabinet de gestion de patrimoine engagé

Baussant Conseil est un cabinet indépendant de conseil en gestion de patrimoine créé en 2002, éthique et responsable et basé sur deux localisations : Saint-Germain-en-Laye (Ile-de-France) et La Chapelle d’Armentières (Lille, Hauts-de-France). Notre objectif est d’accompagner nos clients dans la durée pour la gestion et le suivi de leur patrimoine. Nous faisons partie depuis 2018 du collectif 1% pour la Planète, nous nous engageons ainsi à reverser 1% de notre chiffre d’affaires à des associations environnementales.

Vous pouvez retrouver toutes les coordonnées de nos conseillers ici ; n’hésitez pas à les contacter : https://www.baussantconseil.com/contact/