Interview de Pascale Baussant pour l’enquête 2019 d’Aprédia

1. Vous avez inscrit une démarche ISR et ESG au cœur de votre activité. Pouvez-vous nous en parler ?

Nous sommes en effet engagés pour le développement de l’investissement responsable depuis plusieurs années au sein de Baussant Conseil. Il nous semble fondamental que les sociétés de gestion intègrent plus largement les critères extra-financiers des valeurs qu’elles choisissent, et que ces critères pèsent de façon significative dans les décisions d’investissement. Nous avons publié un livre blanc sur l’ISR en 2017 et nous sommes en train de finaliser une seconde version de ce livre blanc. Notre objectif est d’apporter un éclairage professionnel, avec notre regard de cabinet indépendant, sur ce sujet encore trop complexe et mal connu aujourd’hui. Il est d’ailleurs intéressant de constater l’évolution qu’a suivie l’investissement responsable en 2 ans. La multiplication de l’offre a été fulgurante et le nombre de fonds labellisés a également progressé de façon extrêmement rapide.

2. Vos confrères CGP disent s’intéresser de plus en plus aux produits ISR … mais c’est d’abord pour répondre aux demandes de leurs clients. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que c’est une erreur ! Si nous, CGP, attendons d’avoir une demande spontanée de la part de nos clients, nous pourrons attendre longtemps ! Soyons réalistes : les demandes spontanées des clients existent, mais elles sont très rares. Ce sont les CGP qui doivent proposer l’ISR à leurs clients de façon proactive et pédagogique. Les conseillers indépendants ont tout à gagner de cette démarche : une meilleure image, une confiance accrue, une plus grande patience de la part des clients, des collaborateurs plus impliqués. De grands réseaux ont bien compris la nécessité de se saisir pleinement de l’ISR et sont en train de former massivement leurs collaborateurs. Les CGP se font distancer sur ce sujet et n’ont pas encore réalisé la nécessité d’être des pionniers.

3. L’offre de produits ISR se développe fortement. Est-elle toujours de qualité ?

Je crois que même dans l’univers ISR, un CGP doit conserver ses critères de sélection habituels. La performance, la volatilité, le niveau d’encours, la stabilité de l’équipe de gestion etc, doivent être analysés de la même manière que pour des fonds non-ISR. Il me semble également important de sélectionner des sociétés de gestion ayant une vraie volonté de s’engager et de travailler pour une finance plus éthique et plus responsable. Pour ce faire, la seule solution est de les rencontrer, afin de comprendre leur ADN et leur niveau d’engagement, ainsi que la cohérence de toute leur démarche sociétale. Au final, les acteurs véritablement crédibles dans l’ISR sont peu nombreux.

4. Des CGP n’ont pas confiance dans les labels ISR qu’ils jugent encore trop opaques. Est-ce le cas ?

Les deux principaux labels français (label ISR et label Greenfin) ne sont peut-être pas parfaits, mais ils offrent un premier niveau de garantie, tant pour l’épargnant final que pour son conseiller. Nous pouvons faire le parallèle avec les labels bio dans l’alimentation ; ils sont devenus incontournables et ils permettent une sélection facile et lisible pour les consommateurs. D’ailleurs, les sociétés de gestion qui ne voulaient pas faire labelliser leurs fonds, parce qu’elles trouvaient ces labels insuffisants et insatisfaisants, sont finalement en train dans leur majorité d’opter pour un label.

5. Vous êtes adhérent du FIR, pouvez-vous nous en dire plus ?

Le FIR (Forum pour l’Investissement Responsable) est l’association œuvrant pour le développement de l’investissement responsable. Baussant Conseil a été le premier cabinet indépendant à y adhérer, et aujourd’hui plusieurs cabinets en sont membres. Rassembler et réunir les bonnes volontés qui veulent promouvoir l’investissement responsable me semble indispensable, constructif et tout à fait dans le sens de l’histoire de nos métiers.

Pascale Baussant, dirigeante de Baussant Conseil
Septembre 2019