Interview de Samuel Jeglot, co-fondateur de l’association NaturDive

Baussant Conseil a décidé de soutenir financièrement l’association NaturDive découverte à l’occasion des Rencontres pour la Planète organisées chaque année par le collectif 1% pour la Planète. Nous sommes heureux de la mettre en lumière et de donner la parole à Samuel Jeglot, co-fondateur et directeur de l’association.

Samuel, pouvez-vous vous présenter et nous expliquer la genèse de NaturDive ?

J’ai une formation de biologiste marin. J’ai rapidement bifurqué vers le secteur informatique en tant que chef de projet durant 20 ans. Originaire des Alpes -Maritimes et passionné de plongée sous-marine depuis l’enfance, j’ai décidé en 2017 de mettre cette activité au service de la biodiversité marine. Accompagné de deux amis, Damien et Marie-Jeanne, nous avons créé NaturDive, association dont le but principal est d’observer, de comprendre et de mettre tout en œuvre pour préserver les fonds marins de la côte méditerranéenne qui offrent une richesse de biodiversité remarquable.

Quel était votre objectif concret en créant l’association ?

Au départ, l’idée était de mettre en place des actions participatives, en impliquant les citoyens dans la découverte et le respect des fonds marins, cette nature invisible à l’œil nu. Rapidement, la création d’une association nous est apparue comme étant la meilleure solution pour aller plus loin dans nos ambitions et porter nos projets de manière viable.

Nous agissons en milieu marin côtier et plongeons jusqu’à 50 mètres afin d’observer, de restaurer et restituer les données recueillies notamment à l’attention des scientifiques et gestionnaires du milieu marin, mais également des scolaires et du grand public. Nous avons créé des aires marines éducatives pour les élèves. C’est un concept porté par l’Office Français de la Biodiversité qui est reconduit chaque année avec un label et sur différentes thématiques.

Autre projet qui marche fort, et que nous avons développé cette année avec l’aide du département : la réalité virtuelle. Cette technologie permet une formidable immersion dans ce milieu méconnu de beaucoup. C’est une sensation époustouflante qui séduit un large public en aiguisant la curiosité. Elle permet d’enclencher des discussions et d’échanger sur ce sujet.

Un autre aspect de notre activité est le combat que nous menons pour extraire les filets fantômes des fonds marins. A l’aide de GPS, nous cartographions au plus juste les zones sur lesquelles travailler. C’est le projet DéFi-MeD.

Pouvez-vous préciser ce qu’est un filet fantôme ?

Un filet fantôme obstrue les fonds marins, empêchant la nature de se développer. Il détruit la faune, bref il est néfaste. Ces filets sont qualifiés de fantômes car abandonnés, parfois depuis des dizaines d’années, non par négligence des pêcheurs mais plutôt par accident. Des yachts coupent les filets sur leur passage, la météo parfois très rude en Méditerranée peut également engendrer la perte de cet outil de travail. Les extraire de l’eau est notre mission. J’ajoute que notre action est double : retrait, comme je viens de l’évoquer, puis restauration des fonds endommagés par leur présence. Ces filets sont en effet fabriqués avec du plastique, donc pourvus malheureusement d’une longue vie et par conséquent dévastateur pour la nature sous-marine. Nous œuvrons en parfaite collaboration avec les pêcheurs artisans, qui ne manquent pas de s’adresser à nous pour agir. Nous ne sommes pas là pour les empêcher de travailler mais pour les aider. En outre, la posidonie nous intéresse également tout particulièrement.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur la posidonie ?

C’est un autre projet, un enjeu majeur pour la Méditerranée, le projet PRIME. Cette plante marine, la posidonie, pousse jusqu’à 30 mètres de profondeur. Elle représente un véritable poumon pour la Méditerranée. Elle séquestre une énorme quantité de carbone et s’avère jouer un rôle extrêmement important, plus prégnant encore que les forêts amazoniennes par exemple.

Nous agissons en restaurant ces herbiers qui bénéficient de zones sanctuarisées : 1 000 m² au large de Cannes ont déjà été à ce jour réhabilités ; et nous continuons d’élargir ce périmètre sur une période de trois ans. Ce projet est soutenu par l’Agence de l’Eau. On peut également qualifier cette plante de nurserie à l’instar des gorgones, sorte de récifs coralliens qui se situent entre 30 et 60 mètres de profondeur. Ces récifs se révèlent fragiles, poussent lentement tout en abritant une large biodiversité. C’est la raison pour laquelle il faut les protéger coûte que coûte, et si besoin les replanter.

Avez-vous constaté une évolution du milieu marin ?

Il est très difficile d’avoir une certitude. Nous pouvons dire que des avancées sont notables. Pour vous citer un exemple édifiant : lorsque j’étais enfant, je passais beaucoup de temps dans l’eau. Fréquemment, j’en ressortais les pieds plein de goudron. Cette pollution provenait des cargos qui dégazaient au large en pleine mer sans scrupule. Ce n’est plus le cas de nos jours, enfin beaucoup moins, grâce à une réglementation et un contrôle plus strict.

Quelle est le modèle économique de l’association ?

Nous bénéficions de financements publics à travers des appels à projet avec notamment l’Office Français de la Biodiversité, l’Agence de l’Eau (pour la restauration de la posidonie), le Museum d’Histoire Naturelle, des aides du Département (recherche de filets fantômes). Force est de constater que le mécénat s’invite de plus en plus dans notre modèle économique.  Et nous en sommes très heureux.

Je précise que nous sommes trois salariés, un alternant, une chargée de projet et moi-même rémunéré depuis peu. En 2025, nous comptons embaucher deux autres personnes en qualité de chargés de projet. Nous accueillons des stagiaires, des services civiques. Nous fonctionnons avec une centaine d’adhérents et disposons d’un noyau actif d’une quinzaine de plongeurs.

Avec un budget de 200 000 €, 2024 fut une année charnière avec des nouveaux projets d’importance et des entrées financières conséquentes pour l’association. Le 1% Pour la Planète nous a été d’une grande aide pour asseoir notre visibilité et convaincre nos mécènes.

A ce propos, pouvez-vous nous parler de vos mécènes, qui sont-ils ?

L’association bénéficie d’aide de la part de La Fondation des Générations Futures, une fondation belge, le fonds Ether porté par cette même fondation, qui nous soutient sur les projets DeFi-Med et PRIME, le Poids du Vivant à travers le 1% Pour la Planète, Groupama, le Crédit Agricole notamment pour la protection de la posidonie et des entreprises telles que Baussant Conseil par exemple. La recherche de financement représente un gros poste. Et disons-le franchement, il est difficile de pérenniser ces participations financières.

Avez-vous une devise à nous partager ?

Je dirais « soyons curieux ! », c’est la base de tout : se créer des envies, des vocations, comprendre le monde qui nous entoure, vouloir protéger. J’encourage vraiment les jeunes générations à réduire le temps passé sur leur téléphone, à s’intéresser à la nature d’une manière différente. Et pour conclure, je soulignerais qu’il est de notre devoir, nous autres, organismes associatifs, de les attirer vers de nouveaux horizons.

Lors des Rencontres pour la Planète, en octobre dernier, NaturDive espérait atteindre 25 000 € de dons. Ce fut une formidable surprise lorsque les compteurs s’arrêtèrent à 87 000 €. C’est un beau succès qui a ravi cette association engagée sur de belles actions et sur des projets toujours plus ambitieux.

Propos recueillis par Ingrid Masson, Office Manager de Baussant Conseil

logo 1% pour la planète, collectif pour la protection de la planète.

Baussant Conseil, cabinet de conseil en gestion de patrimoine engagé.

Baussant Conseil est un cabinet indépendant de conseil en gestion de patrimoine créé en 2002, éthique et responsable et basé sur deux localisations : Saint-Germain-en-Laye (Ile-de-France) et La Chapelle d’Armentières (Lille, Hauts-de-France). Notre objectif est d’accompagner nos clients dans la durée pour la gestion et le suivi de leur patrimoine. Nous faisons partie depuis 2018 du collectif 1% pour la Planète, nous nous engageons ainsi à reverser 1% de notre chiffre d’affaires à des associations environnementales.

Vous pouvez retrouver toutes nos coordonnées ici : https://www.baussantconseil.com/contact/