Point de conjoncture : premier trimestre 2016

Retour sur l’année et les perspectives qui se dessinent pour 2016

Après un premier trimestre de très forte volatilité sur l’ensemble des marchés, l’Europe semble rester la zone à privilégier favorisée par des matières premières aux cours particulièrement bas, suite au retournement chinois.

Au 31 mars 2015, le cours du pétrole se situait à 48 $. Au 31 mars 2016, et après avoir chuté jusqu’à 27 $ (plus de 43% de baisse) au mois de février, le cours s’est stabilisé à 38 $. Le pétrole fut la première source de volatilité en ce début d’année entrainant dans son sillage les économies émergentes. Une offre surabondante et une demande en chute entrainée par le freinage chinois ont entrainé ces mouvements brutaux, mais l’intervention des Etats-Unis semble laisser entrevoir un retour à la stabilité et une négociation sur le gel de la production.
Les cours se maintiennent à des niveaux faibles sur l’ensemble des matières premières, et si quelques acteurs entrevoient un léger rebond sur le second semestre, les prix resteront vraisemblablement très faibles devant le recul de la demande chinoise.

Ces facteurs devraient faire le jeu de la zone européenne, certes touchée fortement en ce début d’année par les doutes sur le secteur bancaire. L’Euro Stoxx 50, après avoir chuté sous les 2800 points en février, se stabilise depuis le début du mois de mars entre 2 950 points et 3 050 points. La BCE a rassuré les marchés sur sa force et ses capacités d’intervention en augmentant ses rachats d’actifs et en diminuant le taux de réserve obligatoire des banques. Les fondamentaux européens sont présents et la reprise économique se poursuit, motivée par des bons résultats des secteurs de la défense et des télécoms et par les cours faibles des matières premières. L’Euro se renforce en ce début d’année, remontant sur la barre des 1,14 $ au 31 mars, poussé par les annonces prudentes de la banque centrale américaine.

Le Royaume-Uni se veut perturbateur des marchés et des cours monétaires en 2016. Le referendum du « Brexit » devant être voté le 23 juin, les différents sondages viennent peser sur les cours. A l’heure actuelle, la tendance penche en faveur du non mais les incertitudes sont nombreuses. Cela impacte directement les cours monétaires ; depuis novembre 2015 la livre s’est fortement dévalorisée face à l’euro, passant de 1,41€ à 1,25€.

Aux Etats-Unis, le secteur industriel reste sous la pression des tendances des matières premières mais les indicateurs de consommation restent stables et la progression des créations d’emplois se maintient. Après avoir subi la correction chinoise, les indices américains se sont rétablis au niveau de mars 2015. Cependant, les marchés américains sont soumis à plusieurs facteurs de prudence. Les annonces de la FED sur la santé économique du pays viennent fréquemment bouleverser les cours, et l’évolution des cours pétroliers pèse sur l’économie. Enfin la remontée des taux directeurs s’est stabilisée dans une fourchette comprise entre 0,25% et 0,50%. Il semble que la FED soit décidée à ne procéder qu’à 2 hausses cette année, invoquant les risques générés par la situation mondiale. Optant pour la prudence, la FED crée un climat de doute sur les marchés et stimule une volatilité d’autant plus forte sur l’ensemble des marchés mondiaux. A l’image de ce premier avril 2016 où les marchés se sont comportés très nerveusement dans l’attente de l’annonce des chiffres de l’emploi des Etats-Unis, L’Euro Stoxx 50 chutant de plus de 1,5% en anticipation alors que les chiffres publiés se sont finalement trouvés satisfaisants.

La Chine, quant à elle poursuit son retournement, le pays poussé par des positions fermes de son gouvernement ; les exportations font face à leur plus fort déclin depuis 2009 et les importations chutent pour le 16e mois consécutif. Le premier impact de cette transition semble néanmoins être assimilé par les marchés. Le ralentissement économique du pays se poursuit, venant porter le doute sur les entreprises d’Etat. Le scénario le plus vraisemblable devrait être celui d’une dévaluation du Yuan et le retour des luttes monétaires, afin d’éviter les restructurations. La transition chinoise devrait maintenir sous pression les émergents et les matières premières.

L’année 2016 s’est donc entamée par un choc violent, et si les économies semblent à présent se stabiliser, la prudence sur les marchés doit être renforcée. La zone euro progresse sous le vent de la BCE et est portée par les courants favorables des matières premières, mais à court terme se sont des évènements ponctuels et les spéculations sur les annonces des banques qui dirigent les tendances en les éloignant de la réalité économique.